A l’heure où les marchés sont fébriles, et partagés quant à sa pérennité, concernant l’inflation en sortie crise, d’autres évolutions structurelles esquissent un futur libéré de la pandémie mais sur une base de paramètres dont l’impact sur nos modèles de prévision macro ou micro va au-delà du taux d’erreur habituel.
Lors des dernières publications de résultats du 1er trimestre 2021 le mot « carbone » a été prononcé plus de 1500 fois par les dirigeants de sociétés contre 500 fois il y a un an.
Plus significatif encore, l’Union Européenne vient d’adopter
la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive)
qui encadre de manière structurante l’intégration des dimensions ESG dans la performance
globale et long terme des entreprises. Sans entrer
dans le détail de ce qui va bien au-delà du reporting, les entreprises soumises à cette
obligation sont bien évidemment de grandes entreprises sélectionnées selon leur taille de bilan,
CA ou nombre d’employés (250), et cela touchera toutes les entreprises cotées.
Concrètement 49 000 entreprises en cible. Et bien sûr les rapports durables seront audités.
Cela constitue une formidable capacité de différenciation supplémentaire entre les sociétés cotées,
évidemment une approche en risque affinée et une appréciation documentée de la trajectoire
qui constitue le levier de performance majeur en tant qu’investisseur et citoyen.
C’est pour demain.
Quelques semaines plus tard l’Agence Internationale pour l’Energie publiait
une feuille de route sur le NZE, (Net Zero Emission)
à objectif 2050. Cette « institution des pétroliers » comme elle est souvent résumée,
projette des hypothèses à 2050 qui touchent les bâtiments, le transport, l’industrie
et la production d’électricité. Les nouveaux développements pour le zéro émission réduisent
considérablement les usages d’énergie fossile, la base de cette institution, font la promotion
des énergies renouvelables (solaire et vent), aboutissant à 0 émissions pour la production
d’électricité et de chaleur avant 2040. A cette date les énergies fossiles classiques
ne devraient plus représenter que 45% des énergies dans le transport. Un point clef pour
que la réussite finale de cette feuille de route repose sur une évolution des comportements.
Son impact est majeur.
Avant la crise du Covid le paramètre comportemental aurait certainement été considéré comme une variable d’ajustement opportuniste. A l’expérience de qui a été vécu depuis les confinements, les adaptations réalisées dans le monde du travail, cette dimension est devenue réaliste.
Comme toujours ces éléments sont impactant politiquement, avec une conséquence macro globale plutôt à la baisse. Cependant les efforts à mettre en œuvre seront le fait d’acteurs micro, d’entreprises aptes à accélérer les transformations et qui constitueront l’Eldorado habituel de l’investisseur attentif. Et nous conserverons en tête que dans la ruée vers l’or les vendeurs de pelles et de tamis ont fait fortune avec constance...
Achevé de rédiger le 28 mai 2021