Les marchés sont focalisés sur les tensions sur les coûts de production, résultant de goulets d’étranglement, qui se transmettent aux prix de détail (+0.9% d’inflation dans l’Euro Zone en Janvier de source Eurostat). Les capacités de transport sont saturées, le coût d’un container de la Chine vers l’Europe est passé de $ 1400 il y a un an à $ 8000 (source Freightos).
Inflation, mouvements rapides sur les devises, hausse des matières premières, et donc pentification de la courbe des taux... le 10 ans français passe positif. La dynamique des flux positifs sur les marchés actions qui reposait sur l’assurance de taux longs durablement bas vient d’être bousculée en quelques semaines.
Les tensions sur les prix signalent un regain d’activité économique. Cette croissance se retrouvera massivement dans les résultats. Déjà les publications du dernier trimestre 2020 nous ont surpris dans le bon sens au niveau des leviers opérationnels : une faible croissance en volume plus l’effet prix et les résultats croissent à 2 chiffres. Les marchés le reflètent dans la rotation sectorielle rapide vers les valeurs plus cycliques et dans un deuxième temps les financières, banques en tête, qui animent la côte depuis la fin Janvier.
Par solde qui l’emportera, en termes de performance de marché, entre l’effet tensions sur les taux et l’effet croissance des résultats à venir ?
La vision macro de l’effet taux autorise tous les scénarios, y compris l’effet ketchup, cette mésaventure du bidon récalcitrant qui finit par assaisonner généreusement l’assiette et la chemise, des tenants d’un excès des mesures de relance qui rendrait les prix incontrôlables durablement...
Sur le terrain, à la suite des publications de résultats et des contacts sociétés, nos spécialistes des valeurs à dividendes élevés et en croissance rappelaient quelques chiffres : au dernier trimestre plus de 50% des grandes valeurs européennes cotées évoquaient vouloir restaurer leur dividende ou l’augmenter. Pour beaucoup ce sont des sociétés cycliques très prudentes sur 2020 et qui constatent les améliorations et se projettent. Les financières reviendront aussi en suivant la cadence imposée par les régulateurs. L’évolution des dividendes constitue un signal fort de la part des entreprises. Hausse du dividende de Daimler payé en 2021 + 50%, celui de Rio Tinto +25%...
Moins de conjectures et plus de chiffres, le retour tangible des dividendes et de leur croissance pourrait inspirer les investisseurs qui ont longtemps hésité en faveur de promesses plus flatteuses. Les flux restant en faveur des marchés actions, serait-il si étonnant d’assister à un effet ketchup des achats en faveur des actions aux distributions régulières et en croissance, versés par des sociétés dotées de structures financières de qualité ?
Achevé de rédiger le 3 mars 2021