La succession des plans de relance ambitieux aux États-Unis - d'abord celui de 1 900 mds usd puis le projet de 2 500 mds usd portant sur les infrastructures - pose une double question. D'abord celle de leur caractère reflationiste, et ensuite celle de leur financement. les deux questions amènent à s'interroger sur leur impact à la hausse des taux américains.
Le sujet fait débat et nous souhaitons vous apporter notre éclairage.
Concernant la question du caractère reflationiste, nous n'achetons toujours pas le scénario d'une hausse durable de l'inflation au-delà de 2.0% / 2.5% et continuons à croire, comme la Fed, au caractère transitoire de la hausse des statistiques d'inflation.
Et ce pour plusieurs raisons.
Il convient d'abord de noter que les chèques faits par le trésor aux ménages américains ces derniers mois ont entraîné une hausse de l'épargne plutôt que de la consommation, ce qui n'a pas entraîné de tension sur les prix. Ensuite, le plan d'infrastructure doit d’abord être approuvé, et sera dans tous le cas étalé sur plusieurs années. Cela pourrait aussi amener à une augmentation des capacités de production. Peu d'impact inflationniste durable à attendre de ce côté-là également.
Enfin l'accélération des créations d'emploi et la baisse du chômage américain vers 6% sont des signes encourageants pour la reprise économique, mais nous sommes encore loin d'une situation de plein emploi. Il est donc trop tôt pour envisager des tensions salariales qui induiraient pour les entreprises le besoin de répercuter la hausse de leurs coûts sur la hausse des prix à la consommation.
Concernant le sujet du financement des plans budgétaires, une partie devrait être financée par des recettes fiscales supplémentaires (et plus spécifiquement par une hausse du taux d’imposition des entreprises américaines). Le solde devra évidemment être financé par un accroissement de la dette américaine et impliquera donc une augmentation des émissions du trésor américain. Cela n'est pas non plus, selon nous, de nature à créer un emballement des taux.
La principale raison est que la demande reste forte et le principal acheteur (La Fed) continue d’acquérir 120 mds usd d’actifs par mois dont 80 mds usd de Treasuries. L'inquiétude sur son retrait (le spectre du « taper tantrum ») nous semble un peu prématurée. Le niveau plus attractif des taux américains draine d'ailleurs également des flux acheteurs de la part de certains investisseurs institutionnels internationaux qui avaient dernièrement délaissé la dette américaine. C'est aussi une des raisons du récent léger repli des taux longs américains. Le taux 10 ans américain s’est ainsi replié de 15 bp à 1.60% ces deux dernières semaines.
Achevé de rédiger le 16 avril 2021