En Europe, la chute des déplacements routiers, aériens et de la production industrielle, dans le sillage de la mise en place du confinement de ces derniers mois, a eu des répercussions majeures sur la demande en électricité, celle ci reculant de 14% selon l’analyste Dave Jones, expert pour le site Carbon Brief.

Cette baisse de la demande européenne, qui a fortement impacté les productions fossiles, a eu pour effet de réduire les émissions de CO2 du secteur de l'électricité.

Diminution de 39% des émissions de CO2 du secteur européen de l’électricité du 28/03 au 26/04/2020 par rapport à la même période de 2019.


Isabelle Delattre

Directrice Finance Responsable
Crédit Mutuel Asset Management

Source : Évolution de la production d'électricité et des émissions de CO2 pour l'UE27 et le Royaume-Uni du 28 mars au 26 avril 2020 par rapport à la même période en 2019. Analyse des données du Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport d'électricité (REGRT-E). Graphique par Carbon Brief.

L'évolution pour chaque combustible est indiquée en bleu, la réduction globale de la demande et des émissions de CO2 étant en rouge.

Si l’électricité produite à partir du charbon a notamment le plus souffert de la réduction de la demande (-42%) des records ont été enregistrés pour l'énergie solaire, qui a représenté 28% de la production d'électricité (nouveaux projets et ensoleillement).

Nous pourrions donc nous attendre à une baisse importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) en 2020, dans le sillage de la réduction de cette demande qui a fortement impacté les productions fossiles : celles ci devraient très probablement diminuer de 2,1% par rapport aux niveaux de 2019 (MSCI Research) étant donné les impacts actuels et futurs du virus Covid-19 sur les économies du monde entier, soit une diminution de 8,3% par rapport aux estimations antérieures, avant le déclin des activités économiques du T1.

Cependant, la baisse, attendue avec une grande incertitude, est bien loin d'atteindre l'objectif zéro émission nette d'ici 2050. En effet, la moyenne annuelle des concentrations de CO2 augmentera encore cette année, même si les émissions diminuent.

Rappelons que les émissions de CO2 et les concentrations de CO2 ne sont pas la même chose : les émissions représentent la quantité de CO2 libérée dans l'atmosphère par l'activité humaine, y compris la combustion de combustibles fossiles et la déforestation, les concentrations sont pour leur part la quantité effectivement présente dans l'atmosphère. Ainsi, bien que les émissions humaines soient le moteur de l'accumulation à long terme de CO2, la vitesse de cette accumulation varie d'une année à l'autre, principalement en raison des variations induites par le climat, qui affectent la quantité de CO2 absorbée par la végétation terrestre et les océans.

En d'autres termes, si l'accumulation de CO2 sera légèrement plus lente que prévu, elle ne sera pas suffisante pour ralentir considérablement le réchauffement climatique. Du CO2 supplémentaire continue de s'accumuler dans l'atmosphère.

Achevé de rédiger le 11/05/2020