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Plus de la moitié de la production économique mondiale dépend modérément ou fortement du capital naturel. Si l’essentiel des parties prenantes, États, entreprises et investisseurs, se concentrent sur les risques climatiques, peu se préoccupent encore des risques liés à la nature dans leurs prises de décisions. Pourtant, le GIEC rappelle régulièrement l’importance d’analyser l’interaction du réchauffement climatique et de la biodiversité, y compris dans les solutions respectives, car certaines opèrent un pouvoir de nuisance sur l’autre. Néanmoins, l’engagement des actionnaires, porté par la COP15 de décembre 2022, pourrait s’intensifier, alors que la TNFD* se prépare à publier un cadre qui pourrait faciliter le flux de 400 milliards de dollars de capitaux vers une nouvelle catégorie de titres alignés sur la nature.

Rappelons qu’un groupe de travail sur la publication d’informations financières relatives à la nature a été créé en 2020 afin d’intégrer celles-ci dans les décisions financières de toutes les institutions et entreprises au niveau mondial. La TNFD ou Taskforce on Nature-related Financial Disclosures élabore un cadre de reporting et de gestion pour évaluer et gérer les risques et les opportunités liés à la nature au travers des impacts et des dépendances. Cette dernière vient de partager ses ultimes recommandations (version 0.4), permettant aux institutions financières et aux entreprises d’évaluer, suivre et publier les risques financiers liés au déclin de la biodiversité. L’originalité de la démarche s’inscrit dans la possibilité pour les acteurs du marché de commenter les propositions de l’initiative par le biais d’une plateforme en ligne.

L’essence du projet est de contribuer au développement d’un ensemble commun de mesures et d’indicateurs comptables pour soutenir des informations financières cohérentes et comparables, mais surtout de définir les risques liés à la nature, ainsi que les impacts sur la nature, opérés par les entreprises. Cette relation d’interdépendance peut en effet entraîner une vulnérabilité des revenus et résultats financiers dans leur ensemble ; l’absence de gestion de ces risques en termes de gouvernance peut contribuer à fragiliser la chaîne de valeur et la réputation des entreprises... La restauration de la nature peut être une opportunité qu’il convient également d’évaluer.

L’initiative TNFD a élaboré une première version d’approche analytique d’évaluation des risques et opportunités liés à la nature, appelé LEAP (Localiser, Évaluer, Analyser, Préparer). Cette approche LEAP comprend quatre principales phases d’activité analytique :

  • Localiser votre interface avec la nature
  • Évaluer vos relations de dépendance et impacts
  • Analyser vos risques et opportunités liés à la nature
  • Préparer la réponse aux risques et opportunités liés à la nature et en rendre compte aux investisseurs (avec suivi du Cadre mondial de la biodiversité et objectifs mondiaux...).

La dernière version bêta v0.4 du cadre TFND distingue 14 recommandations faites aux entreprises sur la manière de signaler les dépendances, les impacts, les risques et les opportunités liés à la nature si elles adoptent ce cadre qui n’est pas une norme, sur le modèle de la TCFD (climat). Comme pour le reporting climat, l’initiative a adopté la notion de scopes : opérations directes, en amont, en aval et activités financières (pour les institutions financières).

La TNFD conseille par ailleurs de publier des mesures intersectorielles qui peuvent être complétées par environ 55 indicateurs (quantité de déchets dangereux, émissions GES, eau consommée dans les zones de stress hydrique, total de polluants rejetés dans l’atmosphère...). Mais surtout la publication de la valeur du capital alloué aux opportunités liées à la nature permettrait de mettre en évidence les initiatives positives (étendue des terres, océans restaurés...). Il est intéressant que l’impact positif sur la biodiversité soit au premier plan... en identifiant les moteurs de la restauration de la nature. Ce cadre pourrait séduire certains investisseurs en vue de compléter leur portefeuille à impact positif sur la thématique biodiversité.

Ainsi, la TNFD recommande plusieurs paramètres de base en termes de divulgation :

Source : TNFDMorgan Stanley Research

 

Si actuellement, la plupart des entreprises ont des objectifs de réduction des émissions de GES, seulement 5 % ont des objectifs de biodiversité.

Le tableau ci-dessous revient sur les grands enjeux de comment infléchir la courbe de la perte de la biodiversité en dépit de la complexité des écosystèmes, l’absence d’une unité commune de mesure et de dynamiques non linéaires :

La publication finale de la TNFD, attendue pour septembre 2023, sera très utile aux investisseurs qui commencent à divulguer, au travers de l’Article 29 de la Loi Énergie Climat et du règlement de l’Union européenne SFDR et Taxonomie, les impacts négatifs, dans un premier temps, de leurs activités sur les zones sensibles à la biodiversité. Pour rappel, 42 % de la valeur totale des titres détenus par les institutions financières françaises étaient issus en 2021 d’entreprises fortement dépendantes voire très dépendantes d’au moins un service écosystémique... Reste à savoir si les entreprises vont adopter le cadre de l’initiative TNFD, car selon les statistiques les plus récentes, seulement 1 700 entreprises publiques et privées françaises ont approuvé les recommandations du TCFD (climat) en 2020.

Achevé de rédiger le 18 avril 2023

* Taskforce on Nature-related Financial Disclosures = Groupe de travail sur les informations financières liées à la nature

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