Faut-il encore croire en la gestion diversifiée ?
La gestion diversifiée vit une période de remise en question. La promesse de limiter les baisses en diversifiant les investissements n’a pas été tenue. Nous revenons aujourd’hui sur les raisons de ce désenchantement, et les raisons qui nous poussent à la favoriser à l’avenir.
Depuis quelques mois, le contexte des marchés est exceptionnel et a conduit à des performances pour les fonds diversifiés qui n’ont pas d’exemple dans l’histoire. En effet, après 40 ans de désinflation aux Etats‑Unis et en Europe, les prix se sont mis à rebondir brutalement. L’inflation est passée de 0 % environ mi‑2020, à 8 % ou 10 %, selon les pays, mi‑2022. Les Banques centrales ont été obligées d’adapter leurs politiques monétaires, passant d’un soutien massif au moment du Covid, avec beaucoup de création monétaire, à une politique restrictive et des taux directeurs qui ont augmenté de 5,25 points aux Etats‑Unis (taux de la Fed) et de 4,25 points en Europe (taux de la BCE). Cela a conduit à une chute des marchés obligataires et un ajustement de la valorisation des actions. En effet, la valeur d’une entreprise se mesure par l’actualisation des revenus futurs qu’elle générera (dividendes ou flux de trésorerie). Son prix baisse donc logiquement lorsque les taux montent fortement. En conséquence, les actions et les obligations ont baissé de conserve, et l’effet de compensation, cher à la gestion diversifiée, a disparu. Dans la période actuelle de guerre au Proche‑Orient, le schéma se répète comme dans le conflit ukrainien. Le prix du pétrole augmente, entrainant des tensions sur les prix et sur les taux, pendant que les indices actions reculent.
Même si ces risques perdurent, notre vision du marché a bien changé. Nous voyons aujourd’hui beaucoup plus d’opportunités pour investir à moyen terme. Les valorisations redeviennent attractives, tant sur les actions que sur les obligations. Avec des actions européennes qui se payent 11,5 fois les bénéfices attendus à 12 mois, ou une dette américaine qui offre un rendement de 5 % à 10 ans, nous sommes plus à renforcer nos expositions. Même si les prochains mois seront compliqués, entre une croissance qui ralentit et une inflation qui résiste, la diversification devrait permettre de naviguer efficacement entre ces différents écueils.
Achevé de rédiger le 25 octobre 2023