L’économie mondiale ralentit suite à la guerre Russo-ukrainienne, la hausse des prix de l’énergie et au resserrement de la politique monétaire de nombreuses Banques Centrales. Les principales économies du monde sont toutes en difficultés, mais pour des raisons différentes.
En Europe, la crise énergétique est en grande partie à l’origine de la récente faiblesse de l’activité industrielle et de la consommation. Alors que les économistes s’attendent, au vu de la vigueur de la hausse des prix dans de nombreux compartiments, à voir l’inflation à 10% en décembre ou janvier, la BCE a pour objectif d’augmentation à 1,25% de son taux de dépôts en fin d’année.
L’économie américaine : la hausse des taux d’intérêt freine l’activité dans les secteurs d’activité sensibles aux taux d’intérêt réels tel que le logement, les ventes automobiles et les investissements en équipement. La Fed est déterminée à éradiquer l’inflation.
La Chine : l’économie continue de subir les conséquences de la crise immobilière démarrée avec la faillite d’Evergrande en septembre dernier, la baisse de la demande extérieure, les vagues de Covid et les confinements à répétition et un soutien politique et monétaire de l’économie limité.
Si on additionne tout cela, le PIB mondial, qui s’est contracté pour la 1ère fois depuis 2020 au T2-22, devrait croître un peu plus de 2% cette année, ce qui selon certaines définitions, constitue une récession mondiale.
1 - Des risques toujours présents
Le risque chinois
La demande de produits chinois est en panne : la demande domestique est pénalisée par les restrictions, la remontée du chômage tandis que la demande extérieure, qui avait fortement soutenu l’économie chinoise en 2020 et 2021, n’est plus là aujourd’hui. Le risque sanitaire ne faiblit pas. Les vagues de Covid et les confinements se poursuivent. Il n’est pas à écarter compte tenu du déclenchement de la 7ème vague de Covid-19 en Occident.
Le risque Russo-ukrainien
Une guerre sans fin ... avec, peut-être, une pause hivernale, ce qui n’empêchera pas les nui-sances russes.
Des pénuries de carburant plus graves, en particulier pour le gaz, pourraient réduire la croissance en Europe de 1,25 points de pourcentage supplémentaires en 2023, avec une croissance mondiale réduite de ½ point de pourcentage, et augmenter l’inflation euro-péenne de plus de 1,5 points de pourcentage.
Le resserrement des conditions financières
Les Banques Centrales, à l’exception de la Chine, continuent de resserrer leur politique mo-nétaire, la chute des marchés obligataires et des marchés actions ainsi que la hausse des taux d’intérêt contribuent à la contraction des conditions financières. À l’échelle mondiale, cette ponction pourrait atteindre 1500 Mds$.
2 - L’inflation est au cœur du problème
Depuis plus d’un an, l’inflation dépasse les attentes et touche une grande majorité de pays. Aujourd’hui, c’est l’inflation « core » qui s’installe sur des niveaux élevés. Cela veut dire que la hausse des prix se propage dans l’économie. Plus elle s’étend, plus il y aura des effets de second tour, notamment sur les salaires et plus elle sera difficile à endiguer.
Dans ce contexte inflationniste, la priorité des Banques Centrales est de maitriser l’inflation, laissant les considérations liées à la croissance de l’économie au second plan.
Cela veut donc dire que le risque d’un atterrissage brutal de l’économie causé par un resserrement trop appuyé augmente et que pour les prochaines semaines, pour les prochains mois, le comportement des marchés sera dicté par l’évolution de l’inflation.
Ce n’est qu’une fois maitrisée, durant plusieurs mois, que les banquiers centraux entameront prudemment la désescalade des taux d’intérêt pour relancer la croissance. Jusque-là, il faut s’attendre à une forte versatilité des marchés financiers.
3 - Le risque de détérioration des fondamentaux augmente
Actions : Le cas de l’entreprise américaine Fedex pourrait déclencher la révision des perspectives de bénéfices qui ne se sont pas encore ajustées au scénario économique mondial.
- Les principaux indicateurs de sentiment ont fortement chuté pour atteindre des niveaux extrêmement baissiers de sorte qu’aujourd’hui, sur les marchés, il n’y a aucun signal positif.
- Jusqu’ici, les baisses ont été principalement entraînées par la compression des multiples (P/E). Aujourd’hui, le risque est la multiplication des contreperformances des entreprises, à l’instar de Fedex qui vient d’avertir Wall Street que sur le T3-22, il observe une baisse des volumes sur tous les segments et ce dans le monde entier, indiquant aussi que compte tenu de l’incertitude sur la conjoncture, il révise ses prévisions annuelles.
- Que ce soit aux USA ou en Europe, après la contraction des PER au premier semestre c’est maintenant les bénéfices par actions (EPS12m Fw) qui sont attaqués. Il faut donc maintenant s’attendre à un recul progressif des bénéfices.
- Les gagnants seront les entreprises ayant un pouvoir fort de fixation des prix.
4 - Des marchés sous pressions
La guerre en Ukraine et ses conséquences, les difficultés de la Chine, l’inflation galopante et la remontée des taux directeurs impactent fortement les valorisations des actifs risqués. Dans ces conditions, nous maintenons toujours notre sous-pondération des actions et nos positions neutres sur les produits de taux.
Actions
La longue liste des inquiétudes empêche de faire des prévisions solides. En effet, les bourses sont, en ce moment, à la fois versatiles et volatiles. Que ce soit des stratégies régionales, de taille (PME vs Multinationales) ou de style (Value vs Growth), aucune ne dure plus qu’une semaine. Les seules actions à même de traverser la période d’inflation, sont celles qui ont un fort « Pricing Power ». Pour éviter des mauvaises surprises, nous sous-pondérons les actions dans leur ensemble.
Obligations
- Les rendements des obligations gouvernementales, répondant à la hausse des taux directeurs, ont fortement progressé. Nous maintenons donc notre position neutre sur cette poche à l’exception des obligations émergentes, hors Chine, que nous sous-pondérons.
- Les spreads de crédit IG et HY sont très resserrés, la prime de risque est devenue très faible, donc prudence sur l’IG et le HY. Neutralité aussi pour ces deux catégories, sauf le HY européen.
- Nous maintenons la surpondération des obligations indexées inflation.
Valeurs refuges
Les matières premières et le grand gagnant de cet environnement : le dollar.
Achevé de rédiger le 27 septembre 2022