Quel bilan pour les marchés de taux en 2023 ?
L’année 2023 a d’abord été marquée par une normalisation progressive des niveaux d’inflation.
En Europe, elle est ainsi repassée sous les 3 % fin 2023 après avoir frôlé 11 %, 1 an plus tôt.
Cette forte baisse de l’inflation a fini par convaincre les investisseurs au second semestre que le resserrement monétaire des Banques centrales touchait à sa fin.
Les investisseurs ont alors commencé à anticiper une baisse rapide des taux directeurs pour les prochains trimestres, ce qui a provoqué une importante baisse des taux longs au dernier trimestre 2023.
Ainsi, le taux d’emprunt d’État allemand à 10 ans, qui est le taux de référence sur les marchés obligataires européens, a terminé l’année 2023 à 2 % après avoir démarré à 2,4 % 1 an plus tôt, et ayant franchi les 3 % au troisième trimestre.
Ces anticipations de détente monétaire ont aussi entraîné une surperformance des actifs risqués. Sur le marché du crédit, le segment High Yield euro a ainsi terminé l’année 2023 avec une performance de + 12 % contre + 8 % pour le segment Investment Grade euro.
On s’attendait plutôt à l’inverse, c’est‑à‑dire une sous‑performance du High Yield dans un contexte de resserrement monétaire des Banques centrales.
Quels ont été les comportements des investisseurs en 2023 ?
Avec le retour en territoire très positif des performances des fonds monétaires, cette classe d’actifs est redevenue particulièrement attractive compte tenu du niveau de risque associé, de sa liquidité et de son horizon de placement court. Nous avons observé le retour de certains investisseurs, notamment des entreprises et particuliers vers ces solutions de trésorerie qui avaient été complètement délaissées ces dernières années. Les investisseurs institutionnels ont également eu tendance à augmenter leurs allocations monétaires.
Chez Crédit Mutuel Asset Management, nous avons ainsi collecté plus de 2 Mds€ sur les actifs monétaires en 2023.
L’appétit des investisseurs a également été marqué pour l’obligataire, et tout particulièrement pour les fonds à échéance qui offrent un rendement cible estimé intéressant et une durée de placement déterminée à l’avance.
Nous avons bénéficié de cette tendance chez Crédit Mutuel Asset Management puisque nous avons enregistré une collecte de près de 1 Md€ sur notre gestion obligataire dont 800 M€ sur les fonds à échéance
Les millésimes Investment Grade 2025 et 2028 ont concentré la plus grande part des souscriptions sans oublier également le millésime High Yield 2026.
Quelles sont les perspectives pour 2024 ?
Nous pensons que l’inflation devrait continuer à refluer pour revenir progressivement vers la cible des banquiers centraux.
Nous pensons néanmoins que cette dernière partie du chemin de baisse sera plus lente et ne se fera pas de manière linéaire, notamment en Europe avec une inflation salariale qui reste aujourd’hui importante.
Nous devrions effectivement voir les grandes Banques centrales baisser leurs taux. En revanche, nous voyons plutôt la première baisse d’ici l’été, que ce soit en Europe ou aux États‑Unis.
Les Banques centrales devraient aussi continuer à réduire la taille de leur bilan. La BCE devrait commencer à réduire les réinvestissements de son programme d’achat pandémique (PEPP) à partir du second semestre et mettre totalement fin aux réinvestissements en fin d’année.
Elle a, pour mémoire, déjà mis fin aux réinvestissements de son programme d’achat classique (l’APP) en juillet 2023. La réduction de son bilan devrait ainsi s’accélérer.
Cette réduction de la taille des bilans des Banques centrales devrait peser sur l’équilibre offre/demande des marchés obligataires, puisqu’il y aura donc moins de flux acheteurs, particulièrement sur les parties longues des courbes de taux.
Quelles classes d’actifs privilégier ?
D’une part, la classe d’actifs monétaires devrait continuer à offrir des rendements estimés intéressants au moins jusqu’à la mi‑2024.
Nous pensons que les actifs obligataires notés de bonne qualité de crédit devraient globalement mieux se comporter que les actifs obligataires plus risqués cette année.
La pentification des courbes de taux devrait se poursuivre. Nous pensons qu’il faut donc continuer à privilégier les maturités intermédiaires.
Enfin, la volatilité devrait rester élevée sur les marchés obligataires. Il faudra rester agiles et sélectifs dans la gestion.
Achevé de rédiger le 10 janvier 2024