Nous avons assisté, en mars 2023, puis en ce début de mois de mai 2023, à plusieurs épisodes de faillites bancaires qui ont eu lieu principalement aux États‑Unis, avec notamment le dépôt de bilan de Silicon Valley Bank et le rachat de First Republic Bank par JP Morgan. Ces événements ont entraîné des tensions sur le secteur bancaire avec, particulièrement, un écartement des primes de risques sur les émetteurs bancaires. Ces tensions ont été exacerbées dans le cas de Credit Suisse qui a été contraint d’être racheté par UBS, permettant d’éviter une déstabilisation des marchés financiers.
Nous pensons que le secteur bancaire européen est plus robuste. À l’inverse des États‑Unis, toutes les banques européennes sans exception sont sous supervision de la Banque Centrale Européenne, soit directement soit indirectement. Selon des critères de taille, d’importance pour l’économie et la part d’activités transfrontalières, les banques les plus importantes sont directement supervisées par la BCE, les établissements de taille moins importante sont, eux, supervisés par leurs autorités de surveillance nationales, sous l’égide de la BCE. Les mesures prudentielles visent à faire en sorte que les établissements contrôlés prennent les dispositions nécessaires pour garantir le respect des exigences prudentielles. Ces dernières consistent à des exigences de fonds propres élevées et de qualité, des exigences de liquidité (ratio de couverture et de financement stable) et des limitations de l’effet de levier.
En termes d’allocation, depuis la fin d’année 2022, nous privilégions le secteur financier par rapport au crédit d’entreprises pour plusieurs raisons : les fondamentaux et la valorisation. Nous sommes exposés en majorité sur les formats seniors et seniors non‑preferred[1], plus marginalement aux dettes subordonnées Tier 2[2] et nous n’investissons pas sur les dettes super‑subordonnées AT1[3]. Nous privilégions les banques européennes dont la supervision évoquée plus haut nous semble assurer une maîtrise des risques inhérents au secteur bancaire ainsi que les émetteurs financiers dont la banque de détail représente une part conséquente du PNB (produit net bancaire), pour leur profil estimé défensif, et les banques systémiques. Nous continuons de penser que le secteur bancaire européen est estimé solide et que la réévaluation des valorisations créera de potentielles opportunités. Les inquiétudes concernant le secteur bancaire nous semblent excessives compte tenu de la solidité du profil de liquidité et du niveau de capitalisation des banques européennes.
Du côté de la dette d’entreprise, nous adoptons un positionnement défensif avec une préférence pour les secteurs estimés résilients comme la santé, les télécommunications, les services, au détriment des loisirs, du tourisme et des foncières. Les craintes sur les marges et plus globalement sur les fondamentaux des entreprises nous incitent à privilégier les émetteurs notés de A à BBB+. Nous pensons que la thématique de la « décompression des spreads (c’est‑à‑dire une sous‑performance des émetteurs les moins bien notés/les plus fragiles en raison de leurs fondamentaux crédit moins bons par rapport aux émetteurs les mieux notés/les plus solides) devrait se poursuivre.
Nous n’excluons pas de la volatilité à court terme, mais nous pensons que les niveaux de taux et de spreads actuels marquent des cibles intéressantes en termes de potentiels rendements offerts sur le marché du crédit Investment Grade (IG). Nous n’anticipons pas de resserrement massif sur les spreads de crédit, mais nous estimons que le portage offert compensera la volatilité et rendra intéressant le crédit IG euro en 2023.
Fort de notre savoir‑faire et du succès qu’a rencontré notre dernier millésime, le fonds CM‑AM Obli IG 2025, qui a enregistré près de 1 milliard d’euros d’encours en 5 mois et afin de permettre aux investisseurs de bénéficier du contexte actuel de remontée des taux d’intérêt et de marchés volatils, nous avons récemment complété notre gamme de fonds à échéance avec CM‑AM Obli IG 2028, notre dernier‑né, sur une durée inférieure à 5 ans. Tout comme CM‑AM Obli IG 2025, le fonds adopte une stratégie "buy & watch" ou de portage des titres consistant à conserver les obligations jusqu’à leur échéance, sauf anticipation d’événements de crédit en cours de vie remettant en question la solvabilité de l’émetteur. L’échéance du fonds est fixée au 29/12/2028. Nous nous autorisons à investir sur des maturités pouvant atteindre mars 2029 afin d’augmenter notre univers d’investissement et de diversifier davantage le portefeuille.
Le fonds CM‑AM Obli IG 2028 permet aux investisseurs de rallonger la duration de leur allocation de 3 années supplémentaires sur le crédit Investment Grade en complément d’un investissement sur CM‑AM Obli IG 2025 dans un contexte où nous nous attendons à voir les taux baissiers une fois la phase de hausse de taux directeurs de la BCE achevée. Dans ce cens, le taux de rendement potentiel du portefeuille brut (hors frais de gestion), compris entre 3,6 % et 4,2 %[4], constitue un point d’entrée estimé attractif pour une durée de portage intermédiaire (5 ans). Le fonds est principalement exposé au risque de perte en capital, lié à la gestion discrétionnaire, de taux, de crédit et au risque lié aux investissements dans des titres spéculatifs (haut rendement).
Achevé de rédiger le 9 mai 2023