Le débat en matière de politique économique s'est intensifié en raison des perturbations des chaînes d'approvisionnement et des tensions géopolitiques, conduisant les principales puissances économiques à une course à la sécurité nationale.
Selon une étude réalisée par le Fonds Monétaire International, la globalisation est en train de se transformer et elle est de plus en plus influencée par des enjeux géopolitiques prenant autant d’importance que les considérations économiques. Cette évolution est perceptible dans la manière dont les gouvernements réglementent les échanges économiques, les investissements étrangers et la transmission de la technologie. Ces réglementations sont souvent motivées par des préoccupations liées à la sécurité nationale, comme le montre par exemple l’interdiction d’équipements de télécommunications chinois aux Etats-Unis, à la protection des industries locales et à la souveraineté.
Motivés par la sécurité d’approvisionnement, plusieurs plans stratégiques ont été envisagés et déjà mis en œuvre pour certains. Cela est remarquable à travers l’adoption de la loi visant la réduction de l’inflation et le renforcement des chaînes d’approvisionnement locales en subventionnant les véhicules électriques fabriqués sur le sol américain appelé « Inflation Reduction Act » (IRA). Suit également la loi « CHIPS and Science Act » dont l’objectif est de promouvoir la production de semi-conducteurs américaine. L’Union Européenne a riposté par une proposition de loi « Net-Zero Industry Act » dans l’objectif d’accroître la compétitivité de la fabrication de technologies propres en Europe et la loi européenne sur les puces. Quant à la Chine, elle cherche également à réduire sa dépendance en remplaçant les technologies importées par des solutions locales.
Dans un tel contexte, le FMI a remarqué que les Investissements directs à l’étranger (IDE) se dirigent davantage vers les pays considérés comme alliés sur le plan géopolitique, ce qui conduirait à une fragmentation financière en cas d’une montée des tensions géopolitiques. De ce fait, les pays émergents et en développement seraient les plus vulnérables à ces retombées car ils dépendent davantage de ces flux pour financer leur croissance économique.
Néanmoins, cette fragmentation géoéconomique évoquée par le FMI est vue comme un risque plutôt qu’une réalité. En effet, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) note que le commerce mondial a montré une grande résilience avec une progression des volumes de 2.7 % depuis le début de la guerre en Ukraine, grâce à une réorientation et une diversification des approvisionnements. Ainsi, il a maintenu sa croissance dépassant de manière notable les prévisions pessimistes qui étaient en vigueur au début de l'année précédente.
Achevé de rédiger le 12 avril 2023