Depuis la crise du printemps 2020, la BCE a injecté, via le PEPP et le TLTRO III, des sommes considérables de liquidités dans le marché. À court terme, cela a permis de régler un problème en relançant les transactions sur un marché monétaire qui était grippé. En revanche, à moyen terme, cela a provoqué une baisse importante des rendements des placements monétaires et une raréfaction des émissions courtes pour les investisseurs. Les émetteurs préférant sécuriser leurs besoins de financements sur des maturités plus longues, délaissant ainsi quelque peu le segment monétaire.
Une partie du produit de ces refinancements a permis – probablement de manière temporaire – au secteur privé d’augmenter sa trésorerie, et d’en investir une partie sur les fonds de placement. Les encours des fonds monétaires français ont progressé d’environ 100Mds€ sur 2020, en parallèle d’une chute importante du montant des émissions. Les conséquences sont alors évidentes : pour les fonds, des rendements souvent inférieurs au taux de dépôt de la BCE (-0,50%) et de manière concomitante, des niveaux dissuasifs pour les dépôts à terme bancaires.
Dans ce contexte, les fonds obligataires courts sont plus que jamais un complément aux investissements de trésorerie usuels que sont les fonds monétaires.
Actuellement, l’écart de rendement entre ces deux catégories est relativement important. À titre d’exemple, nos fonds obligataires court terme affichent des performances annualisées allant de -0,13% à +0,20% depuis le début de l’année, tandis que les fonds monétaires réalisent des performances autour de -0,50%.
Le surcroit de rendement des fonds obligataires courts relativement aux fonds monétaires, se fait principalement
au travers de deux moteurs de performance.
D’abord,l’allongement des maturités moyennes des investissements.
Cette méthode permet d’exploiter la prime offerte par les pentes de crédit généralement positives.
Par exemple,
en investissant sur des maturités 0-2ans non éligibles aux fonds monétaires. Mais également en exploitant la pente
de façon plus large, avec des investissements généralement compris entre 0 et 5 ans. Ensuite, un moyen moins traditionnel
pour les produits courts, est la création sur certains fonds d’une poche High Yield de maturité moyenne très faible.
L’objectif étant de résister aux taux négatifs. Plutôt que d’aller chercher de meilleures performances
par l’unique allongement des maturités, ces fonds vont également capter la prime relativement large des billets
de trésorerie High Yield. En effet, pour avoir accès au marché monétaire, ces émetteurs doivent généralement payer
une prime supérieure au risque intrinsèque embarqué par leur signature.
Les projections militent pour une stabilité des performances des fonds monétaires entre -0,50 et -0,60% d’ici la fin d’année. Avec un écart de rendement estimé à 0.40% en faveur des fonds obligataires très courts, ces derniers deviennent un complément crédible pour tous les investisseurs pouvant à la fois allonger la durée de leurs placements (>6mois) et tolérer une volatilité sensiblement plus élevée des performances.
Achevé de rédiger le 14 mai 2021