En Zone Euro, selon les dernières données d'Eurostat, le taux d’inflation totale est tombé à 6,1 % en Mai 2023 après 7,0% en Avril 2023. C'est le plus faible glissement annuel depuis plus d'un an et une confirmation du repli de l'inflation entamé à l'automne dernier, après son pic de 10,6 % en Octobre 2022. Le ralentissement de l’inflation est maintenant généralisé avec une baisse d’un mois sur l’autre de l’ensemble des principales composantes. Dans le détail, l'inflation alimentaire a continué de ralentir de 13,5 % à 12,5% en Mai, tandis que l'inflation énergétique est revenu en territoire négatif, passant de 2,4% à -1,8% en Mai. La correction des prix des produits alimentaires non transformés s'est poursuivie après une dynamique très forte en début d'année, alors que des effets de base négatifs couplés à une forte baisse des prix de marché expliquent l'essentiel de la baisse de l'inflation énergétique. L'inflation cœur (hors énergie et alimentaire) a également ralenti en mai, passant de 5,6 % à 5,3%. Du côté des biens industriels, l’inflation a poursuivi sa 3ème baisse mensuelle consécutive, de 6,2 % à 5,8 % en Mai 2023, en ligne avec l'évolution des prix à la production. Les chaînes d'approvisionnement se normalisent et les difficultés à se procurer certains biens intermédiaires, comme les semi-conducteurs par exemple, dont les coûts avaient beaucoup augmenté, se résorbent. De plus, la demande de biens commence à se tasser. L'inflation des services a également diminué, de 5,2 % à 5,0 %, mais principalement en raison de l’introduction d’un tarif unique des transports en Allemagne et qui explique environ 15pb de ralentissement de l'inflation des services. La hausse du prix de ces derniers contribue encore fortement à l'inflation (+2,2 points de pourcentage). Mais cela pourrait s’atténuer prochainement avec un tassement de la demande alimenté par l'érosion de l'excès d'épargne accumulé pendant la période Covid et avec la contraction anticipée du marché de l'emploi.
En termes de perspectives, l'inflation des produits alimentaires et des biens industriels devrait continuer de ralentir, en raison de l'apaisement des pressions sur les prix à la production. Par exemple, en France, la réouverture des négociations est en cours et 75 des plus grands industriels de l'agroalimentaire ont annoncé vouloir baisser les prix auprès des distributeurs sur certains produits sélectionnés. Dans ce contexte, les premières baisses devraient intervenir en juillet, avec un effet plus marqué à l'automne. Cependant, tous les fabricants de produits alimentaires ne réviseront pas leurs prix, et ils se concentreront uniquement sur certains produits. En revanche, du côté des services, nous pourrions assister à un rebond dans les prochains mois en raison des prix des services liés au tourisme qui devraient encore être plus dynamiques qu'à l'accoutumée, avec le démarrage d'une forte saison estivale et avec un poids accru donné à cette composante dans le cadre du rebalancement des poids du panier de calcul effectif depuis le début de l’année. Ainsi, globalement l’inflation cœur pourrait à nouveau augmenter dans les prochains mois avant d’entamer, et ce de manière plus tendancielle, un ralentissement lent et graduel dans les prochains trimestres.
Enfin, il convient de noter que parallèlement à sa dernière décision de politique monétaire, la BCE a relevé ses prévisions d’inflation cœur de 4,6 % à 5,1 % pour 2023. En outre, elle a révisé légèrement à la hausse l'inflation globale pour 2023, de 5,3 % à 5,4 %, la baisse anticipée des prix des matières premières énergétiques et alimentaires étant plus que compensée par une hausse de l'inflation sous-jacente. Pour 2024, la prévision d'inflation sous-jacente de la BCE a également été révisée sensiblement à la hausse, passant de 2,5 % à 3,0 %, toujours en ligne avec les pressions sur les prix des services, entraînant une légère révision à la hausse de l'inflation globale, de 2,9 % à 3,0 %.
En termes de positionnement, nous conservons dans nos allocations obligataires une exposition aux obligations indexées à l’inflation en zone euro compte tenu des niveaux de points morts (breakeven, anticipations d’inflation) qui restent attractifs autour de 2.30% sur une échéance à 10 ans en zone euro. D’autre part, compte tenu des risques toujours présents de surprises positives sur l’inflation (notamment sur les composantes salariales), ces allocations aux indexées nous permettent de protéger nos portefeuilles contre ces risques.
Données Eurostat – mai 2023
Arnaud Grimoult
Achevé de rédiger le 29 juin 2023