Digitalisation de la santé

Près de trois ans après le début de la pandémie et à l’aube d’une neuvième vague en France, le COVID-19 fait toujours partie de nos vies. Alors que le bilan du virus ne peut encore être dressé, son impact sur le système de santé a mis en avant certaines de ses lacunes.
Aidé par les plans nationaux de nombreux pays développés et par un vivier d’entreprises innovantes, le secteur de la santé voit une accélération de sa digitalisation. Celle-ci concerne le parcours santé, la chirurgie, l’analyse et le diagnostic, la gestion des ressources humaines, ou encore le développement de nouveaux traitements, assistés par l’intelligence artificielle.
Le vieillissement de la population et la recherche constante d’augmentation de l’espérance de vie contribuent également à cette tendance de long terme, amplifiée par la réglementation, et le contexte macroéconomique de forte inflation et de pénurie de main d’œuvre.

Le saviez-vous ?

• La dépense courante de santé dans l’Union européenne en 2020 représentait en moyenne 10.9% du PIB, avec l’Allemagne et la France en tête, au-dessus de 12%¹.
• En Allemagne, 35% des médecins dédient plus de 4h de leur journée à des tâches administratives, et plus de 85% y dédient plus de 2h².
• Selon McKinsey, l’adoption de solution digitales dans le système de santé allemand pourrait générer 34mds EUR d’économies².
• Selon l’indice Bertelsmann Stiftung Digital Health classant 17 pays selon 34 indicateurs de digitalisation, la Pologne, l’Allemagne, la France et la Suisse se retrouvent en queue de peloton, loin derrière des pays comme le Canada, le Danemark ou Israël³.
• 25 pays sur 29 (UE + Ecosse + Norvège) ont établi une stratégie nationale explicite en matière de santé numérique associée à une feuille de route pour déployer des solutions. Près des deux tiers ont désigné une agence dédiée chargée de mettre en œuvre des projets de santé numérique ⁴.
• Selon une étude de Fehap et Nexem intitulée "baromètre des tensions de recrutement du secteur sanitaire, social et médicosocial privé non lucratif", 5% des emplois sont aujourd'hui vacants.

Digitalisation et plans nationaux

Alors que les systèmes informatiques ont déjà intégré nos structures de santé depuis de nombreuses années, un nombre important de tâches restent encore cloisonnées, ne sont pas partagées ou digitalisées, créant souvent une perte d’efficacité opérationnelle. C’est le cas par exemple des ordonnances et des dossiers patients en Allemagne et dans d’autres pays européens.
La digitalisation du système de santé devient donc centrale dans la stratégie de santé des États et, à l'occasion de sa présidence de l'Union européenne, la France a souhaité impulser une dynamique ambitieuse de développement de la santé numérique, en s'appuyant sur les acquis et les enseignements des nombreuses initiatives existantes, et en portant une attention particulière à l'éthique, condition de la légitimité des applications numériques.
Dans de nombreux pays comme la France, l’Allemagne ou les Pays-bas, des plans nationaux d’investissement ont été lancés pour accélérer la digitalisation du système de santé.

• En France, Ma Santé 2022 vise à améliorer l’organisation des professionnels de santé⁴ : Investissement massif de 2 milliards d'euros dans la technologie numérique pour généraliser le partage facile et sécurisé des données dans le secteur de la santé en modernisant le Dossier de Santé Electronique.
• En Allemagne, la loi Krankenhauszukuntsgesetz (KHZF - loi sur l'avenir des hôpitaux) : Financement de 4,3 milliards d'euros visant à améliorer la digitalisation des hôpitaux.
• Aux Pays-Bas, le plan MedMij de 2016 dédie 1.1 milliards d’euros pour assurer l'interopérabilité, la sécurité et l'ensemble minimal de services des applications et du portail de santé numérique centrés sur le patient.

Les entreprises européennes au services de la digitalisation de la santé

Au sein de l’univers des entreprises cotées européennes, de nombreuses pépites se positionnent sur la chaine de valeur de la digitalisation de la santé, avec des avantages compétitifs souvent significatifs. Nous les avons classés dans plusieurs parties de la chaine de valeur (liste non-exhaustive).

Digitalisation du parcours santé

Comme expliqué précédemment, le parcours santé connait encore de nombreuses lacunes et pourrait être significativement optimisé pour réduire les dépenses publiques, améliorer le parcours de soin du patient, et recentrer le métier de médecin autour du soin uniquement.

Des petites et moyennes valeurs européennes exposées à la digitalisation du parcours santé :

• Nexus – Allemagne, capitalisation boursière 1.0mdsEUR : Nexus développe, vend, et assure la maintenance de logiciels innovants spécialisés en architecture ouverte à destination des hôpitaux, des infirmières libérales, des centres de rééducation et des cliniques spécialisées. La solution de Nexus permet aux clients d’optimiser leur temps pour le consacrer plus aux patients. Les briques de la solution sont variées et améliorent l’administratif, les factures, le processus de traitement, la production de rapports de diagnostics, le logiciel de gestion de la relation patient… Le groupe bénéficie notamment du plan Allemand de digitalisation des hôpitaux.
• CompuGroup – Allemagne, capitalisation boursière 2.0mdsEUR : Compugroup est l'un des leaders mondiaux dans la eSanté. Les suites logicielles sont conçues pour accompagner toutes les activités médicales et organisationnelles dans les cabinets médicaux, les pharmacies, les laboratoires et les hôpitaux.
• Equasens – France, capitalisation boursière 1.2mdsEUR : Le Groupe Equasens (ancien Pharmagest Interactive) est le leader français de logiciel santé à destination des pharmaciens. Il combine des expertises métiers pour les professionnels et les établissements de santé, et est spécialisés dans les solutions d’interopérabilité pour améliorer la coordination des acteurs de santé et les échanges de données autour du patient.
• GPI – Italie, capitalisation boursière 217MEUR : GPI est le second acteur en Italie de logiciels, technologies et services destinés aux soins de santé, aux services sociaux et à l'administration publique.
• Zur Rose – Suisse, capitalisation boursière 364MCHF : Zur Rose est la plus grande pharmacie en ligne d'Europe et l'un des principaux fournisseurs de gros pour les médecins en Suisse. Elle exploite également la première place de marché de produits de santé et de soins personnels en Europe du Sud. L'entreprise est présente à l'international avec des marques fortes, dont DocMorris, la première plateforme de santé d'Allemagne.
• Shop Apotheke – Allemagne, capitalisation boursière 858MEUR : Shop Apotheke est l'une des pharmacies en ligne leader en Europe, à la croissance la plus rapide, et opérant actuellement en Allemagne, Autriche, France, Belgique, Italie, Pays-Bas et Suisse. La société fournit des services de conseil pharmaceutique complets, et sera l’un des principaux bénéficiaires de l'introduction des ordonnances électroniques en Allemagne.

Analyse digitalisée

La numérisation et l’automatisation du diagnostic médical constitue une variable d’optimisation considérable, permettant à la fois de gagner en efficacité, en rapidité, mais également en qualité et en traçabilité.

Des petites et moyennes valeurs européennes exposées à la digitalisation de l’analyse et du diagnostic :

• Revenio – Finlande, capitalisation boursière 1.1mdsEUR : Revenio est un leader mondial des diagnostics et dispositifs ophtalmiques. Il développe notamment le logiciel Oculo, destiné à combiner la communication clinique, la télésanté, ainsi que la surveillance à distance des patients.
• Cellavision – Suède, capitalisation boursière 5.3mdsSEK : Cellavision est le leader mondial de l’analyse digitalisée de la morphologie cellulaire. La solution basée sur l’imagerie digitale et sur l’IA permet d’automatiser une partie importante de l’analyse réalisée historiquement avec des microscopes manuels.
• Chemometec – Danemark, capitalisation boursière 15.4mdsDKK : Chemometec est spécialisé dans le développement, la production et la vente de solutions de comptage et d'analyse de cellules dans des prélèvements. Combinant logiciel, machine et échantillonnage, les compteurs de Chemometec permettent de réduire l’écart type d’erreurs de comptages de 40 à 3%, la durée de comptage de 7 minutes à 30 secondes, ainsi que les erreurs humaines.
• SyntheticMR – Suède, capitalisation boursière 1.3mdsSEK : Synthetic MRI offre une solution digitale pour les scanner IRM permettant d’obtenir des données quantitatives et des images améliorées pouvant réduire considérablement le temps d’analyse en salle de lecture, offrant ainsi une réduction de coût pour l’hôpital, de temps pour obtenir les résultats d’analyses, et du temps passé par le patient sous le scanner.
• Median – France, capitalisation boursière 130MEUR : Median Technologie exploite la puissance des images médicales en utilisant les technologies les plus avancées d’intelligence artificielle pour augmenter la précision dans le diagnostic et le traitement de nombreux cancers et de maladies métaboliques et contribuer à l’émergence de nouvelles thérapies pour les patients.
• Stratec – Allemagne, capitalisation boursière 1.0mdsEUR : Stratec un l’un des principaux fabricants de machines visant à automatiser l’industrie du Diagnostic In vitro.
• Tecan – Suisse, capitalisation boursière 5.0mdsCHF : Tecan est l'un des principaux fournisseurs mondiaux d'instruments et de systèmes de laboratoire automatisés optimisant le diagnostic clinique, la recherche fondamentale et la découverte de médicaments. Il est leader sur tous ses marchés et a un business model OEM (fabricant d’équipement d’origine).

Optimisation des Ressources Humaines

Le hôpitaux et services de santé sont très intenses en ressources humaines. Les tensions sur les recrutements et sur l’inflation salariale dans de nombreux pays comme la France impliquent d’optimiser au mieux ces ressources.

Des petites et moyennes valeurs européennes exposées à l’optimisation des ressources humaines :

• Atoss Software – Allemagne, capitalisation boursière 1.2mdsEUR : ATOSS Software est un fournisseur de logiciel et de conseil pour l’optimisation de la gestion de la main-d'œuvre. La société génère 15% de son chiffre d’affaires dans le domaine de la santé particulièrement intense en ressource humaines, et possède 20% de parts de marchés en Allemagne.

Intelligence Artificielle dans la santé

Encore embryonnaire, l’Intelligence Artificielle intervient dans le domaine de la santé à travers l’amélioration de capacité prédictive de la Recherche et Développement, le perfectionnement du Design d’essais cliniques et de la sélection des patients, ou encore l’optimisation du diagnostic en prédisant l’évolution de la pathologie des patients. Sur les 10 dernières années, Deep Pharma Intelligence estime à plus de 100mdsEUR les investissements dans l’IA de la part de l’industrie pharmaceutique.

Des petites et moyennes valeurs européennes exposées à l’Intelligence Artificielle dans la santé :

• Transgène – France, capitalisation boursière 179MEUR : Transgène est une société de biotechnologie qui conçoit et développe des produits d’immunothérapie contre les cancers. Ces produits utilisent des vecteurs viraux pour détruire directement ou indirectement les cellules cancéreuses. L'Intelligence Artificielle est utilisée par Transgène dans le cadre de la conception de ses vaccins personnalisés, afin de sélectionner les mutations les plus pertinentes.
• Guerbet – France, capitalisation boursière 212MEUR : Guerbet est un leader de l’imagerie médicale offrant une gamme de produits pharmaceutiques, de dispositifs médicaux, de solutions digitales et d’IA, pour l’imagerie diagnostique et interventionnelle. Guerbet a développé en partenariat avec IBM un outil d’aide au diagnostic basé sur l’IA pour optimiser la détection, la caractérisation, le suivi, la surveillance et la prédiction de la réponse thérapeutique du cancer.

Digitalisation et évolutions technologiques dans la chirurgie :

L’évolution technologique et digitale dans la chirurgie permet de réduire les erreurs dans l’acte chirurgical, mais également d’améliorer sensiblement l’expérience du patient en limitant sa durée d’hospitalisation et les possibles effets indésirables qui y sont associés.

Des petites et moyennes valeurs européennes exposées à la digitalisation de la chirurgie :

• Surgical Science – Suède, capitalisation boursière 1.7mdsSEK : Surgical Science fournit des outils de simulation médicale pour les fabricants de robots chirurgicaux et les instituts de recherches. Combinant simulateurs et logiciel, la solution permet aux chirurgiens et aux étudiants de s’entrainer avant de passer à l’acte chirurgical sur un patient réel.
• Medacta – Suisse, capitalisation boursière 2.0mdsCHF : Spécialisé dans la chirurgie mini invasive sur la prothèse de hanche, Medacta développe, fabrique et commercialise des dispositifs médicaux en orthopédie et en neurochirurgie dans le monde entier. La société vise à augmenter l’efficacité et la viabilité économique, à la fois pour les patients et les systèmes de santé.
• rodways – France, capitalisation boursière 196MEUR : Prodways est un acteur intégré de l’impression 3D dont plus de la moitié du Chiffre d’Affaires est réalisé avec des clients du domaine médical : Audiologie avec une gamme d’embouts pour prothèses auditives et d’embouts de protection sonore sur-mesure ; Podologie avec les prothèses orthopédiques ; Dentaire avec les prothèses dentaires notamment.