N’oubliez pas l’Inde !

Si la Chine fait l’objet de beaucoup d’attention sur les marchés financiers et dans les médias, et à juste titre, l’Inde fait bien moins souvent la une. Et pourtant, ce pays connait une forte croissance et présente de nombreuses opportunités d’investissement.

1 - Démographiquement, un profil bien différent de celui de la Chine

Si la population chinoise reste plus importante que celle de l’Inde (1,4Mds d’habitants contre 1,3Mds respectivement), il est intéressant de se pencher sur les tendances démographiques. Selon les estimations, l’Inde comptera 1,5Mds d’habitants d’ici 2030 dépassant ainsi la Chine. De plus en regardant la pyramide des âges (cf. graphique ci-dessous), on constate que la population chinoise est vieillissante alors que celle de l’Inde a un profil beaucoup plus jeune. Ainsi en 2030, 600 millions d’Indiens seront âgés de moins de 25 ans. C’est clairement une richesse et un atout pour son économie.

2 - Jusqu’à 8,2% de croissance du PIB

Les prévisions de croissance du PIB de l’Inde sont attendues entre 7,5% et 8,2% pour l’année fiscale 2023¹ (source : brokers et FMI, avril 2022). La croissance du PIB est soutenue par la réouverture de l’économie, les exportations et les mesures de relance du gouvernement. Si l’inflation est en hausse la Banque Centrale indienne table sur un taux de 5,7% d’ici la fin de l’année fiscale. Si l’inflation est en hausse c’est principalement du fait des matières premières et plus particulièrement du pétrole dont 85% sont importés. Les taux d’intérêt remontent modérément pour s’établir à 4,40% après la hausse du début mai. C’est l’un des principaux points négatifs à suivre avec les déficits.

Sur le plan alimentaire, l’Inde est une vraie puissance agricole qui est proche de l’autosuffisance et exporte même pour plusieurs dizaines de milliards de dollars de produits agricoles.

La croissance économique s’accompagne d’un fort développement de la classe moyenne qui ne cesse de grandir offrant des perspectives de développement.

Le covid pourrait-il remettre en cause les estimations de croissance comme c’est le cas en Chine ? Peut-être mais à une différence près : la population, qui a été durement affectée par plusieurs vagues de covid, présente une immunité collective beaucoup plus grande. De plus, si seulement 63% de sa population a reçu deux doses du vaccin, ils ont bénéficié de différents vaccins ayant une bonne efficacité. Enfin la jeunesse de la population est un facteur positif important face à ce virus.

3 - Stabilité politique

Sur le plan politique, le premier ministre Narendra Modi est en place depuis 2014 et a été reconduit en 2019 jusqu’en 2024. Il dispose d’une large majorité. Il est vu favorablement par les marchés financiers. Toutefois, son biais clairement affirmé « nationale populiste » pose questions sur un certain nombre de sujets. Mais les élections ne viendront pas ajouter de la volatilité à court terme.

4 - Le développement des infrastructures

Dans ce vaste pays, les infrastructures sont encore sous-développées. Beaucoup reste à faire. C’est d’autant plus nécessaire que la classe moyenne connait un fort développement. Celle-ci a des besoins en termes de routes, d’aéroports, de traitement de l’eau... Certains experts estiment que le besoin en investissement dans les infrastructures entre 2020 et 2030 s’élèvent à 2 000 milliards de dollars US. Comme ce fut le cas pour la Chine, il y a 20 ans, ce développement portera la croissance du pays.

5 - Investir dans des leaders locaux et mondiaux

Avec plus de 3 800 sociétés cotées sur son marché, l’Inde offre une diversité d’opportunités d’investissement insoupçonnée. On retrouve des leaders domestiques comme le groupe Reliance Industrie (conglomérat diversifié dans l’énergie, les télécoms, la distribution et l’Internet) ou encore Tata présente dans de nombreuses activités et quelques grandes banques comme HDFC ou encore ICICI. Des filiales de multinationales sont aussi cotées sur le marché Indien comme Nestlé India ou Hindustan Unilever. Les sociétés de services IT et de digitalisation figurent parmi les plus importantes au niveau mondial. On retrouve ainsi Infosys, TCS ou encore Tech Mahindra. Enfin, les sociétés digitales se développent rapidement et certaines entrent en bourse comme Zomato dans la livraison de repas, Policybazaar dans le secteur des assurances ou encore One 97 avec sa solution de paiement digitale Paytm. En 2021, le marché indien a été actif avec plus de 125 introductions en bourse.

En termes de capitalisation boursière, la place indienne représente 3 448 milliards de dollars US² ce qui la place devant la Corée du Sud ou Taïwan. En nombre d’ordres, c’est la 4^ème place mondiale. Le marché est constitué d’un grand nombre de sociétés de petites ou moyennes capitalisations boursières. Les secteurs de la finance, des technologies de l’information et des matériaux sont les plus importants.

Répartition du marché indien par secteur GICS

6 - Des investisseurs domestiques actifs et cela ne fait que commencer

Les flux financiers sur la bourse indienne sont essentiellement le fait des investisseurs particuliers. Soit directement, soit via l’intermédiaire de fonds mutualisés. Ainsi certains estiment que 45% du marché sont réalisés par les particuliers directement, tendance qui s’est fortement accéléré durant la pandémie. Les fonds mutualisés sont des fonds d’épargne alimentés tous les mois automatiquement par les épargnants indiens. Les flux vont directement sur les actions offrant un certain soutien au marché. Toutefois, si les investisseurs particuliers représentent une part importante des transactions, les actions ne pèsent que 5% du patrimoine des ménages loin derrière l’immobilier à 49% et l’or pour 15%. La marge de croissance est donc importante pour ce segment d’actifs. En Chine, les actions représentent 20% du patrimoine de ménages. L’Inde a donc encore du potentiel pour les années à venir.

7 - Un marché trop cher ?

Le PE du principal indice indien, le Nifty 50, est à 17,4x sur les 12 prochains mois. Il est supérieur à celui du S&P500 à 16,3x³. La valorisation du Nifty a baissé depuis son pic à la fin de l’année dernière avec un PE qui était monté jusqu’à plus de 22x. Le retrait massif des investisseurs étrangers du marché indien depuis quelques mois illustre une prise de profit après les fortes performances en 2019, 2020 et 2021 de ce marché (+12%, +25% et +24% respectivement en devise locale). Depuis le début de l’année, le NIFTY 50 est en baisse de 9% la montée des incertitudes et les prises de bénéfices en sont les principales causes. Le marché commence à redevenir plus attractif en terme de valorisation pour des sociétés de croissance.

Actuellement 6^ème puissance mondiale, l’Inde a un avenir prometteur devant elle. Certes, certains sujets sont à surveiller comme les déficits, certaines dérives politiques, les relations avec les pays voisins... Mais globalement, les perspectives sont intéressantes. Certains la voient déjà au 3^ème rang des puissances mondiales d’ici 2030, grâce à sa croissance économique, au développement de sa classe moyenne et de ses infrastructures. La jeunesse de sa population est aussi un atout. Les marchés financiers sont de plus en plus actifs tout comme les investisseurs domestiques. C’est un marché de plus en plus liquide avec un nombre de valeurs en croissance. Les investisseurs étrangers reviendront sans aucun doute.