Que penser de la qualité des résultats du 4ème trimestre 2020 aux États-Unis ?
La saison des résultats s’achève aux Etats-Unis sur une note bien meilleure qu’attendu. au quatrième trimestre 2020, une vaste majorité des sociétés de l’indice S&P 500 a dépassé les estimations des analystes. En moyenne sur cette période, les bénéfices par action ont progressé de 5,2% sur un an, alors qu’ils étaient attendus en chute de 8,4% avant le démarrage des publications, selon le consensus FactSet. Et 58% des entreprises ont même publié des bénéfices par action supérieurs à ceux du quatrième trimestre 2019. À titre d’exemple, Accenture, le géant américain des services informatiques vient d’annoncer des résultats en forte hausse et un carnet de commande record de 16 milliards de dollars, en hausse de +13% par rapport au carnet de commande du 1er trimestre 2020 ! Accenture estime que la demande de ses clients est déjà revenue au niveau de 2019 avant la crise sanitaire, et a relevé sa prévision de croissance pour 2021. De même, lors de nos échanges la semaine dernière avec les dirigeants des principaux fabricants européens de semi-conducteurs STMICROELECTRONICS et INFINEON, ceux-ci ont fait état d’un optimisme retrouvé pour l’année 2021. L’activité de ces groupes est portée par le dynamisme de l’ensemble des marchés finaux qu’ils servent : industrie, automobile, 5G, équipement médical, énergie renouvelable... Infineon a d’ailleurs relevé début février son estimation de chiffre d’affaires pour 2021 avec un objectif de 10,8 milliards, contre une cible de 10,5 milliards auparavant. Ceci est à comparer avec le chiffre d’affaires du groupe en 2020 de 8,6 milliards d’euros.
Un changement de politique internationale en cours avec la nouvelle administration Biden ?
Si la tension est montée ces derniers jours entre l’administration Biden et les gouvernements russes
et chinois, a contrario, les relations entre Etats-Unis et les démocraties de l’Union Européenne semblent
s’améliorer nettement...
Le nouveau président américain souhaite recréer les liens avec l’Europe et il le montre.
Il n’a fallu que quelques mois pour mettre fin à un conflit vieux de quinze ans !
À l’issue
d’un entretien téléphonique avec Joe Biden, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,
a déclaré, selon
un communiqué : « En guise de symbole de ce nouveau départ, le président Biden et moi sommes convenus
de suspendre tous nos droits de douane imposés dans le cadre des litiges Airbus et Boeing, tant en ce qui concerne les aéronefs
que les produits
non aéronautiques,
pour une période initiale de quatre mois. [...] C’est une excellente nouvelle pour les entreprises
et les industries des deux côtés de l’Atlantique
et un signal très positif
pour notre coopération économique dans les années à venir. » Sont donc suspendues, temporairement, les surtaxes
imposées depuis octobre 2019 par Washington sur 7,5 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) d’exportations
européennes vers les Etats-Unis, notamment des produits alimentaires (dont les vins hors champagne et le cognac), et sur 4,5 milliards
de dollars de produits américains à destination de l’Union Européenne. Cette pause doit donc permettre aux négociateurs
des deux puissances de trouver
une solution à ce différend commercial.
Vers un monde plus ouvert fin 2021 ? Quelle stratégie d’investissement adopter dans ce contexte ?
Un contexte économique porteur
Malgré l’épidémie malheureusement toujours présente, les investisseurs se projettent à moyen terme en espérant que les perspectives de l’économie mondiale au second semestre 2021 et surtout en 2022 seront bien meilleures. Ils sont d’autant plus confiants que les banques centrales ont soutenu immédiatement l’économie, et sont prêtes à remettre des centaines de milliards dans le système financier si besoin.
Le sujet du retour de l’inflation
La question du retour de l’inflation est devenue un point d’attention, car déterminant des tensions obligataires et des futures politiques monétaires. Pour l’OCDE, l’inflation sous-jacente remontera mais restera modérée en raison de l’excès de capacités observé actuellement dans le monde. Il faut aussi souligner que les facteurs structurels de désinflation tels que la digitalisation de l’économie et le vieillissement de la population dans les pays développés restent en place. aux Etats-Unis, il ne faut pas surestimer la récente baisse du chômage et le risque de dérapage des prix qu’elle pourrait entraîner. Selon Patrick Artus, chef économiste de Natixis, « Elle s’est accompagnée d’un repli de 4 points du taux de participation [des chômeurs abandonnent leur recherche de travail et sont retirés des statistiques] » ... « Lors de chaque reprise l’inflation anticipée est surestimée et les taux surréagissent ». Dans ce contexte, ces dernières semaines, ont eu lieu les très attendues réunions des banques centrales américaines et européennes. des deux côtés de l’Atlantique, les banquiers centraux ont tenu des discours modérés et maintiennent des politiques monétaires accommodantes pour soutenir le rebond des économies européennes et américaines. Le président de la Réserve fédérale a affirmé qu’elle maintiendrait ses taux dans une fourchette de 0% à 0,25% tant que le plein emploi durable ne serait pas atteint et jusqu'à ce que l'inflation atteigne un niveau soutenu de 2%. Côté européen, la BCE a même décidé d’amplifier ses achats d’actifs financiers de 80 milliards d’euros à 100 milliards d’euros par mois pour freiner la hausse des taux d’intérêt à long terme de la zone euro.
Continuer à acheter les creux de marché
Les publications ont donc globalement été rassurantes. les investisseurs n’ont donc pas chaussé des lunettes roses,
pas plus qu’on ne peut évoquer
une bulle généralisée sur les marchés. Eventuellement, quelques petites bullettes ici ou là sur quelques titres isolés.
D’une part, la plupart des valeurs de croissance et notamment les medtechs et sociétés technologiques,
ont dévoilé des résultats annuels souvent impressionnants. Ces gagnants de la crise sont peut-être aussi les gagnants
du monde de demain... D’autre part, certaines entreprises cycliques profitent de la reprise de l’activité
industrielle et les banques affichent des résultats souvent meilleurs qu’attendus.
Cela confirme notre vue, sur la première partie de l’année, d’une stratégie plus équilibrée entre sociétés de croissance
portées à moyen terme par les grandes tendances sociétales, et entreprises industrielles cycliques qui bénéficient à court terme
de la reprise en cours.
En conclusion, nous continuons à conseiller depuis l’annonce du vaccin de Pfizer/Biontech avec un taux
d’efficacité élevé début novembre 2020, d’acheter les creux de marché. À ce stade, dans la mesure
où les taux longs se normalisent progressivement sur les niveaux pre-covid, il reste sans doute de la marge
pour aller plus haut dans un contexte où les marchés et les entreprises sont aidés par les plans de soutien
des gouvernements et la politique monétaire accommodante des banques centrales.
Achevé de rédiger le 22 mars 2021